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Nous travaillons à l’élaboration d’une activité peut être métaphysique mais tout au moins d’une urgence quasi biologique : peindre, peindre l’acte de peindre c’est à dire peindre ce qui résiste à l’acte de peindre. Agir est bien buter sur l’impossible, le réel au sens où l’entend Lacan. Il s’agirait pour nous de peindre intentionnellement ce qui se dérobe à l’intention soit le réel. L’art et l’impossible. Tout protocole pictural (anticipation de gestes, de matériaux, d’agrafages), toute phase artisanale qui de part leur stabilité (protocolaire) permettent d’affronter l’angoisse et la mort visent à être abolies, reliquats générant la pure possibilité de créer un je-ne-sais-quoi qui n’a jamais existé auparavant. Néant sur-essentiel, néant pléthorique, raviner le néant. L’angoisse est le fait manifeste d’adhérer au vide, de ne pouvoir invoquer la langue dans son nouage au réel qui permettrait de se décoller du vide. La mort est bel et bien quant à elle la possibilité (éventuellement paronogène) de l’impossible, impossible possible, possibilité de l’impossible.

Paraphrasant Cézanne, nous nous aimerions à dire que le peintre doit réduire l’intervalle entre ce qu’il sent et ce qu’il peut, ravin des vertiges. La peinture est affaire de traces, engramme de ce qui se saisit et s’éloigne. Un trait est la marque du possible où diastoles et systoles s’alimentent comme le réel (en acte) et le virtuel (réel mais inactuel) s’alimentent. Le trait est un souffle. Nous demanderions au spectateur de convertir son regard. De l’abstrait et du figuratif nous devons dire qu’il en est comme du concave et du convexe. Nous pouvons passer de l’un à l’autre, en passant par une infinité d’adaptation optique. Une œuvre est un appel auquel nous nous nouons et nous dénouons. Une œuvre possède son autonomie, ses possibles poussées, ses forces et ses faiblesses, rapports de force qui affectent les percipients dans leur buté sur l’impossible. Un souffle n’est jamais totalement possible ou infini.